durée de son privilége exclusif devinrent très-vives ; mais elle crut devoir mettre une grande modération dans ses réponses aux plaintes élevées contre elle. L’opinion publique, qui lui avait été jusque-là si favorable, lui était devenue contraire, et ses directeurs, jusque-là si fiers et si impérieux, baissèrent le ton en attendant des circonstances plus propices.
« Ainsi que tous les spéculateurs malhabiles, et par cela même malencontreux, la Compagnie trouvait des concurrens de toute espèce, auxquels elle attribuait le peu de succès de ses opérations. Pendant quelques années, elle s’était plainte hautement du commerce clandestin que faisaient ses propres employés, dont les profits étaient bien plus grands que les siens ; mais elle aurait exagéré encore ses doléances et ses prétentions, si ce n’eût été l’ascendant général que prenaient les sentimens de liberté à l’époque des discussions violentes de Charles i et du parlement. On ne pouvait alors se flatter d’échapper au naufrage dont les institutions opposées à cet esprit d’indépendance étaient alors menacées qu’en mettant prudemment à l’ombre de pareilles prétentions. Quoique la compagnie fût entrée d’abord assez hardiment dans la lice avec les écrivains qui établissaient que tous les monopoles en général, et particulièrement celui de la Compagnie, étaient désastreux, elle jugea bientôt à propos de prendre une autre marche, afin de ne pas trop attirer sur elle l’attention du public, et ne s’opposa plus si ouvertement aux entreprises particulières, qui empiétaient assez fré-