vraiment surpris en le lisant du degré d’industrie auquel étaient parvenus les Aztèques.
Le sujet du dixième livre était un des plus difficiles à remplir. Sahagun entreprend d’y révéler les vices et les vertus des Mexicains, ainsi que les caractères physiques qui appartiennent à leur race. Il termine par un aperçu général sur les maladies dont ils étaient affectés, et les remèdes qu’ils y portaient. Comme dans ce livre, qui est divisé en vingt-neuf chapitres, Sahagun entre dans de grands développemens sur la vie matérielle et intellectuelle de toutes les classes, et particulièrement sur celle des artisans, il donne encore de nouveaux détails sur l’industrie des villes, et sur ce qu’il appelle les arts libéraux et mécaniques. Là se trouve une matière médicale toute nouvelle qui nous a paru digne du plus haut intérêt, et qu’il ne serait pas sans doute inutile d’examiner attentivement. Mais ce qui surprend surtout, c’est la manière large dont le religieux du xvie siècle voit l’état moral des peuples qu’on vient de soumettre : « La philosophie morale, dit-il, avait enseigné par expérience à ces peuples que, pour vivre vertueusement et comme des mortels attendant la mort, une rigoureuse austérité, des travaux continuels, utiles à la chose publique, était nécessaires… Comme cet état de chose cessa par l’arrivée des Espagnols, comme ceux-ci abolirent toutes les coutumes et toutes les formes de gouvernement qui régissaient les Indiens ; comme, en un mot, ils voulurent les réduire à la manière de vivre de l’Espagne en ce qui touche les choses divines et terrestres, parce qu’ils les regardaient comme des idolâtres et des barbares, tout leur ordre social s’écroula… C’est une grande honte pour nous que parmi ces naturels il se soit trouvé anciennement des sages