La Vendée se trouve donc enfermée aujourd’hui en un seul département, sans issue pour attaquer ou pour fuir. La maladie dont la France est atteinte de ce côté ressemble assez à une inflammation d’entrailles.
Quatre classes d’individus bien distinctes s’agitent dans cette fournaise politique : les nobles ou gros, le clergé, la bourgeoisie, les paysans ou métayers.
La noblesse est entièrement opposée à tout système constitutionnel ; son influence est à peu près nulle sur la bourgeoisie, mais elle est immense sur les métayers, qui sont presque tous à ses gages[1]. Le clergé partage l’opinion de la noblesse, et a de plus que lui l’influence de la chaire et du confessionnal.
La bourgeoisie de cette manière est le centre du triangle que forme la noblesse imposant ses opinions, le clergé les prêchant, et le peuple les acceptant.
Aussi la proportion des libéraux dans ce département (je parle de l’intérieur) est-elle à peine de 1 à 15.
Aussi le drapeau tricolore n’était-il nulle part, malgré l’ordre formel du préfet.
Aussi les prêtres ne chantaient-ils point le Domine salvum, malgré le mandement de l’évêque.
Mais le bâton auquel était attaché le drapeau blanc subsiste, et semble par sa nudité protester contre le drapeau tricolore.
Mais les prêtres recommandent en chaire de prier pour Louis-Philippe, qui ne peut manquer d’être assassiné.
L’agitation est donc continuelle.
Elle est entretenue par les rassemblemens de quarante ou cinquante nobles, qui ont lieu régulièrement une fois ou deux par semaine, tantôt au Lavoir, tantôt aux Herbiers, tantôt au Combouros.
- ↑ Le marquis de Labretèche possède à lui seul cent quatre métairies. Supposez par métairie trois hommes seulement en état de porter des armes, et un mot de lui mettra sur pied trois cent douze paysans armés.