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CORRESPONDANCE ET VARIÉTÉS.

n’a pas manqué d’en fermer et d’en barricader toutes les portes. Les paralymphes frappent à plusieurs reprises, attendent long-temps, puis ils tournent autour de la maison, en visitent soigneusement toutes les issues, tentent successivement de se les faire ouvrir, appellent à grands cris les habitans, témoignent autant d’impatience qu’ils avaient d’abord conservé de gravité ; ils feignent enfin de vouloir se retirer. Ce n’est qu’à ce moment que les parens de la jeune fille commencent à leur répondre : « Que voulez-vous et qu’apportez-vous ? » — Ondras e virtudis (honneur et vertu), s’écrient les paralymphes. À ces mots, la porte s’ouvre, le maître de la maison vient au-devant d’eux, les accueille avec cordialité, et les introduit dans la chambre de réception où s’est réunie d’avance toute la famille, parée de ses vêtemens les plus somptueux.

C’est alors qu’il se fait un échange de présens entre le père de l’époux et la future ; chaque paralymphe offre également ce qu’il était chargé d’apporter, échange et reçoit à son tour un léger cadeau ; ensuite on sert un repas, et les parens des deux époux se placent à la même table. Le mariage ne suit pas toujours immédiatement cette cérémonie. Souvent on attend, pour le contracter définitivement, que les époux aient réuni ce qui leur est nécessaire pour monter leur ménage[1]. Quand tout est prêt, le mariage est annoncé à l’église pendant trois dimanches consécutifs, et huit jours avant la bénédiction nuptiale, on procède à l’importante et

  1. Tout le mobilier doit être entièrement neuf ; c’est l’épouse qui le fournit. L’époux s’occupe de la maison, et, s’il ne peut en faire bâtir une neuve, il a soin qu’elle soit blanchie et nettoyée avec le plus grand soin. C’est encore lui qui apporte tous les instrumens aratoires et ceux de sa profession. En cas de décès de la femme, tout ce qu’elle a mis dans la communauté, étant considéré comme sa dot, doit être rendu à sa famille, à moins qu’il n’y ait eu donation réciproque. Cette mesure de prévoyance est, du reste, beaucoup plus généralement adoptée par les campagnards et surtout les gens de petit emploi, que par les habitans des villes.