Autrefois les Battas étaient dans l’usage de manger aussi leurs parens, quand ceux-ci devenaient trop vieux pour travailler. Ces vieillards choisissaient alors tranquillement une branche d’arbre horizontale, et s’y suspendaient par les mains, tandis que leurs enfans et leurs voisins dansaient en rond autour d’eux, en criant : Quand le fruit est mûr, il faut qu’il tombe. Cette cérémonie avait lieu dans la saison des citrons, époque où le sel et le poivre sont aussi en abondance. Dès que les victimes fatiguées, ne pouvant plus se tenir ainsi suspendues, tombaient par terre, tous les assistans se précipitaient sur elles, les mettaient en pièces et dévoraient leur chair avec délices. Cette pratique de manger les gens âgés est abandonnée aujourd’hui. C’est un pas fait par les Battas dans la voie de la civilisation, ce qui
avait fait accroire à un homme mourant que la chair humaine seule pouvait lui rendre la santé. Les bourreaux de Canton vendent très-cher le fiel des criminels qu’ils exécutent ; on y trempe des grains de riz qu’on mange pour se donner du courage, car les Chinois sont convaincus que c’est le fiel qui rend courageux : aussi appellent-ils un lâche, un homme sans fiel. Dans les commentaires qui accompagnent les éditions du Code pénal de la Chine, on trouve souvent des récits de procès criminels extraordinaires ; on y voit, entr’autres, qu’un homme nommé Licou, du district de Hoang-Chan, fut jugé pour avoir vendu une partie de fiel humain pour le prix de 20 onces d’argent. En 1811, un autre, nommé Tchang, habitant de la province de Tche-Kiang, fut convaincu d’avoir, dans une période de seize ans, fait mourir onze jeunes filles, pour avaler certains liquides de leur corps, dans le but d’augmenter la vigueur du sien. La douzième victime de ce cannibale lui échappa et devint son accusatrice. Le document officiel qui raconte cette horrible affaire dit que cet anthropophage était un homme par la figure extérieure, mais une bête sauvage par son naturel. Il avait environ soixante-dix ans quand il fut condamné à être coupé par morceaux. Seize familles, auxquelles ses victimes appartenaient, furent invitées à prendre part à son exécution. »