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VOYAGES.

froids et perçans annoncent l’approche de l’hiver. Alors une mer houleuse, qui semble prendre une couleur plus sombre, bondit sur les côtes en rugissant, secoue, arrache souvent les échafauds et les cabanes élevées pour la pêche, que les tempêtes de l’équinoxe avaient épargnés. Le vent tourne du sud-est au nord-est et au nord, chassant devant lui des nuages de neige, jusqu’à ce qu’à la fin le nord-ouest ayant acquis plus de force, l’atmosphère s’éclaircit, la gelée augmente, et le ciel n’est troublé parfois que par des tempêtes de neiges fondues et glaciales du nord-est et de l’est.

Quant aux animaux qui peuplent les forêts de Terre-Neuve, le cerf et le caribou sont au premier rang. Les ours, les castors, les loutres, le renard rouge et argenté, les lièvres et les martres y sont aussi en grand nombre. C’est surtout dans les grands froids qu’on les chasse, car c’est à cette époque que les peaux ont le plus de prix. Tout ce qui est animé ou inanimé porte alors la livrée de l’hiver. Les différentes couleurs qui distinguaient les animaux se changent en un blanc uniforme, et tous jusqu’aux chiens et aux chats, quand même nouveaux venus et d’un climat plus chaud, prennent une robe plus douce et plus épaisse de longs poils blancs lustrés, qui tombent au printemps par touffes, et qu’ils s’arrachent avec les dents, comme s’il leur tardait de s’en débarrasser. Ce changement remarquable a lieu aussi chez les oiseaux, dont plusieurs, entre autres la perdrix, deviennent entièrement blancs,