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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/388

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VOYAGES.

Béarnaise, qui venait nous remplacer. Nous mîmes onze jours à retourner à Saint-Pierre, par un temps détestable et une brume épaisse, accompagnement ordinaire des navigateurs dans ces parages. Nous courûmes même quelques dangers dans la baie du Désespoir, où les courans nous entraînaient fortement ; mais la brise s’étant heureusement levée de terre, nous y échappâmes, et le 6 août, vers midi, nous découvrîmes Saint-Pierre tout embrumé, à deux lieues de distance. Nous arrivâmes vent arrière, avec nos bonnettes et toutes voiles dehors ; nous mîmes en panne à une demi-lieue de terre n’osant avancer sans le pilote, à cause de la basse de l’Enfant perdu, et bientôt nous fûmes mouillés sous le Cap à l’Aigle.

Vers le commencement de septembre, le brick de guerre anglais le Manly entra dans la rade ; et le capitaine nous ayant donné à dîner à son bord, le gouverneur lui en rendit un, suivi d’un bal. Nous avions en tout quarante personnes, trois demoiselles et quatre dames dansantes ; notre orchestre se composait d’un vieux marin qui jouait du violon.

Le Manly devait quitter Terre-Neuve le 28 septembre pour aller à Halifax, rendre compte de la pêche anglaise qui finit à cette époque. Le capitaine Field me proposa de m’y conduire avec lui : j’acceptai volontiers ; le lendemain avant le jour, j’étais en canot avec mes deux amis B. et B., qui venaient m’accompagner jusqu’au Manly, mouillé très au large pour pouvoir appareiller plus aisément. À peine nous