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HISTOIRE — PHILOSOPHIE.

nie. Nous allons en tracer un court exposé, et pour cela nous commencerons par la pétition des habitans des districts du Bas-Canada[1].

Ces pétitionnaires exposent qu’ils sont au nombre de quarante mille, tous de naissance ou d’origine britannique ; qu’ils parlent la langue de leurs pères, et n’en connaissent point d’autre ; qu’ils occupent un territoire à eux cédé, conformément aux lois anglaises, franc de tous devoirs féodaux, et que cependant ils sont justiciables dans toutes les matières civiles de la législation française, dont ils n’ont aucune connaissance, et qui est écrite dans une langue qui leur est complètement étrangère. Ils se plaignent de ce qu’il n’existe point de cour de justice à une distance convenable de leurs établissemens, et réclament le privilége de nommer des représentans à la maison d’assemblée. Le plus grand obstacle à la prospérité de la colonie, c’est, suivant les pétitionnaires, que les privations et les autres inconvéniens qu’ils éprouvent, détournent les émigrans anglais de s’établir dans la province basse, qui est préférable à l’autre sous tous les rapports, et ils conseillent, comme une mesure salutaire, de réunir les deux provinces sous un même gouvernement. « Leur situation géographique, continuent-ils, et les rapports que la nature a établis entre elles, commandent impérieusement leur réunion sous une seule et même législature. Elles n’ont qu’un débouché commun dans l’océan, et un seul canal de communication avec la métropole ; l’unique clef de

  1. Cette province se divise en seigneuries et en districts. Les premières sont habitées par des Canadiens français, et les autres par des colons anglais. Les districts sont placés sur les derrières des seigneuries, lesquelles s’étendent des deux côtés du Saint-Laurent, sur une largeur de dix à douze milles.