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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/455

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ARTHUR ET MARIE.

Et puis aussi, l’accord parfait qui avait existé jusque là entre pouvoir et volonté (eût dit Scudéry) avait disparu… Qu’aurait-il eu à regretter ?…

Aussi Arthur ne répondit rien ; il est de ces sensations qu’aucune langue humaine ne peut exprimer. – Deux grosses largmes roulèrent sur ses joues flétries… Ce fut sa seule, son unique réponse…

Mais le dévoûment de Marie eut une si inconcevable influence sur cet être énergique, qu’il l’exalta pour quelque temps encore à un degré de puissance inouie et presque surnaturelle… Il faut avouer que cette influence magique ne s’étendit pourtant pas jusqu’au patrimoine ; car, quinze jours après, il était défunt le patrimoine ! oh, bien défunt !… et lui donc… Bone Deus ! pauvre Arthur !…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— « C’est donc aujourd’hui, disait Marie, toujours belle, quoique amincie ; car, avant son mariage, elle était un peu grasse, un peu colorée…

— » C’est ce soir !… répondit-il tendrement.

— » As-tu écrit ?… demanda-t-elle.

— » Sois tranquille, on n’inquiétera personne, chère et bonne Marie. » Et ils arrivèrent calmes et joyeux dans les bois de Ville-d’Avray ; car ils avaient abandonné l’idée de l’asphyxie, c’est commun. Au lieu qu’avec un bon poison rapide on peut quitter la vie sous un bel ombrage frais et riant ; justement on était en juillet.

— « Ce n’est pas une femme, c’est un ange, » disait Arthur, en voyant Marie déboucher, toute heureuse, toute souriante, un petit flacon de cristal mince comme une feuille de papier, et rempli d’une belle liqueur limpide, verte comme l’émeraude.

Ils s’étendirent tous deux sous un chêne magnifique, dans un épais taillis désert et reculé ; l’air était tiède, le ciel bleu, le soleil à son déclin.

« Devine, cher adoré… comment nous allons partager cette douce liqueur ? dit la jeune femme, en jetant son bras