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LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE.

pulaires ; ses productions sont inspirées par une gaîté piquante que le lecteur le plus sérieux ne peut se défendre de partager.

Les traductions des ouvrages étrangers ont atteint une nouvelle perfection. M. Lobanof a prouvé qu’il entendait parfaitement la langue de Racine ; il a souvent égalé les beautés du texte dans Iphigénie en Aulide et dans Athalie, où Mlle Séménof, la Georges russe, fait briller toute la puissance de son talent. La tragédie d’Esther et celle d’Ariane ; traduites par M. le colonel Kotienine; et plusieurs pièces de Crébillon et Ducis, par M. Viskovatof, ont le double mérite de l’élégance et de la fidélité. M. le chambellan Kokoschkine a traduit très-heureusement le Misantrope, et la scène s’est enrichie du Joueur et du Tartufe, par M. le général Alexis Popofsky. Quant aux nombreuses traductions de M. le sénateur Khvastof, qui distribue lui-même à tous venans ses poésies originales, entre autres son poème sur l’apologue, il faut rendre hommage plutôt à l’intention qu’au talent de l’auteur, chez lequel rimer est plus qu’une passion, et lire ses vers une véritable frénésie.

Il n’est temple si saint des anges respecté,
Qui soit contre sa muse un lieu de sûreté.

On attend avec impatience la traduction en vers de la Jerusalem délivrée, par M. Merzliakof, un des plus savans professeurs des universités russes.

Deux genres de poésie avaient échappé aux muses du Nord, la ballade et le poème héroï-comique. Le premier a été traité par M. Joukofsky, chef du romantisme russe ; le second par M. Alexandre Pouschkine. Les productions de ces deux poètes ont été couronnées du plus brillant succès ; cependant il serait injuste de ne pas reconnaître plus de génie, de verve et d’originalité dans ce dernier que dans M. Joukofsky, adorateur du soleil et de la lune germanique.