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LE BRÉSIL.

Après avoir visité dans leur aldée ces misérables Indiens, dont il peint le caractère physique et moral avec beaucoup d’intérêt, M. Auguste de Saint-Hilaire revint à Rio de Janeiro ; mais ce fut pour entreprendre immédiatement son grand voyage à Minas. Se joignant donc à un savant naturaliste déjà bien connu, M. Langsdorff, et à un jeune habitant de l’intérieur, il partit de la capitale du Brésil, le 7 décembre 1816, pour ce long voyage dans l’intérieur qui allait révéler enfin tant de choses complètement ignorées, ou du moins connues imparfaitement.

Nos voyageurs suivent d’abord la route si fréquentée qui conduit de Rio de Janeiro à Villa-Rica. Arrive-t-on dans un de ces rancho, espèces de caravansérails où s’arrêtent les caravanes qui vont de l’intérieur vers le bord de la mer, là, tout est mouvement, tout est activité, mais tout se passe aussi en général avec un ordre remarquable. « Les muletiers des différentes caravanes se rapprochent, se racontent leurs voyages, leurs aventures amoureuses, et quelquefois l’un d’entre eux charme le travail de ses voisins en jouant de la guitare, et en chantant quelques-uns de ces airs brésiliens qui ont tant de grâce et de douceur. On se dispute rarement, et l’on se parle avec une politesse inconnue chez nous parmi les classes inférieures. »

La manière lente dont on voyage au Brésil, où l’on ne peut guère faire plus de trois, quatre ou tout au plus cinq lieues par jour, favorise les observations du voyageur, et en général ses remarques, pleines d’exactitudes et d’intérêt, suppléent au manque d’incidens qui se fait un peu sentir dans cette première partie du voyage. Enfin, il arrive sur les bords du Rio-Parahybuna, qui divise la province de Rio de Janeiro de celle