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VOYAGES.

diens destinés à mourir dans les mines d’Hispaniola.

Les premières expéditions maritimes des Espagnols dans le grand Océan montrèrent combien ils excellaient dans le difficile ; au milieu des obstacles, on admira les grandes ressources du génie, le mépris du danger et l’ignorance de l’impossible qui caractérisaient ces conquérans du Nouveau-Monde, aussi étonnans que leurs aventures. Nous savons par l’histoire que les treize brigantins employés par Cortès au siége de Mexico furent apportés de quatorze lieues par huit mille Tlascalans, escortés par trente-deux mille autres. Quand Balboa voulut faire construire deux navires à Panama, le bois nécessaire fut coupé à Ada sur le golfe du Mexique ; des Européens, des naturels et des nègres transportèrent toutes les pièces travaillées, le fer et le gréement à travers l’isthme de Darien jusqu’aux bords du grand Océan. Enfin, nous ne sommes pas moins surpris de voir dans le premier armement ordonné par Cortez, quatre années après son premier débarquement, que le fer, les voiles et le gréement nécessaires furent apportés à dos d’hommes de la Vera-Cruz à Zacatula, qui en est éloigné de plus de cent cinquante lieues.

Des découvertes importantes et des succès inouis viennent ici commander l’admiration la plus vive. Depuis douze années, l’existence du Pérou avait été révélée à Balboa, et Pasqual de Andagoya venait de visiter ses frontières, lorsqu’en 1524 Pizarre et Almagro préludent à sa conquête. La faiblesse de leurs moyens isolés retarde le succès de leurs armes ; mais en 1531, cette conquête est sérieusement entreprise avec une ardeur nouvelle et des ressources mieux calculées. On voit alors se succéder ces événemens remarquables, ces