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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

nérailles de Virginie sortent en foule de tous côtés, et vont se réunir sur le mont Crustumérien.

Alors les deux armées s’ébranlent à la fois, et vont entourer le mont choisi pour la sécession.

L’immense cortège de Virginie se précipite de l’Aventin, et accourt également sur la colline Crustumérienne. On eût dit que Rome tout entière avait été transportée dans ce lieu. Toutefois ce n’était que la Rome plébéienne ; et la Valentia patricienne, dépouillée de ses cliens, n’était plus, en effet, qu’une vaste solitude.

« Que cette colline soit le mont Sacré ! » s’écrie Virginius.

« Que cela soit ainsi ! s’écrie la multitude ; que la colline Crustumérienne soit le mont Sacré ! »

Au milieu d’un tel désordre, les décemvirs veulent ressaisir tout le pouvoir. Ils ont fait fermer le sénat, et ils déclarent qu’eux seuls sont chargés de veiller au salut de la république.

Les patriciens, à leur tour, poussent de tristes clameurs. Ils demandent que le sénat s’assemble, malgré l’ordre tyrannique des usurpateurs.

Un grand nombre de sénateurs parvient à se réunir, mais dans un lieu non consacré. La séance est orageuse comme l’eût été une sédition. Le droit lutte contre le droit. Le principe légitime est divisé en lui-même.

Encore une fois, l’anarchie règne dans la cité, pendant que l’ordre s’établit dans la ville : car la cité, c’est Rome déserte ; et la ville, le mont Sacré, couvert d’une grande multitude.

Les nobles représentans de la cité patricienne se décident à envoyer deux députés à la ville plébéienne ; ces deux députés sont Horatius et Valérius.

Les décemvirs prétendent que le sénat vient de