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MANILLE.

dont le bois sert aux constructions navales, et une infinité d’autres arbres curieux se sont souvent offerts à ma vue. Je remplis plusieurs paniers de plantes vivantes, que je mis en dépôt chez le curé, en attendant mon départ.

L’élévation prodigieuse des sagoutiers me causa quelque surprise, surtout celle des sagoutiers de l’espèce que les habitans appellent bori (lontarus). Ce beau palmier est couronné par une réunion de feuilles digitées fort larges, qui lui donnent un aspect majestueux. Je me procurai un grand nombre de ses graines, que je ramassai par terre toutes fraîches. Je fis également une bonne provision de l’espèce de sagoutier appelé cavo-negro (caryota nutis.)

Je fis part à mon hôte, peu de jours après mon arrivée, de l’intention où j’étais de pénétrer plus avant dans l’intérieur des montagnes. Il eut la bonté, pour me favoriser dans cette expédition, d’engager des Indiens de sa paroisse à m’accompagner jusqu’à quelques cases qu’il possédait à six lieues en remontant. Ces Indiens, qui n’ont pas de plus grand bonheur que celui de pouvoir obliger leur pasteur qu’ils bénissent et adorent comme l’Être suprême, se disputaient à qui me servirait de guide dans les voyages que j’allais entreprendre.

Le padre Mariano, c’est le nom de mon respectable hôte, vint m’embrasser, et me fit présent de quelques provisions de campagne. Elles ne pouvaient être bien considérables, car lui-même n’avait souvent pour sa propre nourriture que le strict nécessaire, qu’il devait uniquement à la charité de ses paroissiens. Partis le matin à neuf heures, nous arrivâmes sur les quatre heures de l’après-midi, devant la case qui m’était destinée comme quartier-général, tout le temps