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VOYAGES.

tué à la Corogne. Le service était fait par un grand nombre de domestiques en livrée ; le diner fut gai et brillant.

Le 11 octobre, après avoir pris congé de l’amiral et de lady Ogle, je partis pour Boston avec le capitaine Pearl, de la marine anglaise, qui revenait des Indes, où il avait passé dix ans et fait la guerre des Birmans. Notre route se fit presque toute la journée à travers bois jusqu’à une jolie petite ville nommée Windsor. Pearl profita d’une heure que nous devions y rester pour me conduire chez le juge H… que nous trouvâmes entouré de ses quatre filles, toutes charmantes, et parlant bien français. Elles nous offrirent du vin, des gâteaux et des tartines de beurre, ce qui me fit penser à ce que dit Byron que les demoiselles anglaises sentent le bread and butter ! Il fallut nous séparer bientôt, et aller coucher à huit milles plus loin à Kentville, petit village situé au milieu d’un paysage charmant.

Le lendemain, nous allâmes coucher à Annapolis. Le pays que l’on parcourt jusqu’à cette ville en côtoyant la rivière, ressemble beaucoup aux bords de la Loire. La rivière d’Annapolis est très-large et navigable bien au-dessus de la ville, car au quai la marée monte de soixante pieds.

C’est à Annapolis que les Français s’établirent pour la première fois en 1605. Ils y restèrent maîtres paisibles jusqu’en 1710, où les Anglais en prirent possession. Il y a cependant encore plusieurs villages entièrement français, et leur population se monte à peu près à cinq mille âmes.

Je fis connaissance à Annapolis de M. Haliburton, historien de la Nouvelle-Écosse[1] ; je puisai dans sa

  1. M. Haliburton est un avocat distingué, membre de l’assemblée