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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/458

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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

après le combat, c’est qu’à raison de ses convictions intimes, de sa religion politique, il croit à la sainteté des races royales, voit en elles des personnifications de la société tout entière, et qu’il se sent au fond du cœur coupable d’un crime dont son crime extérieur n’est, pour ainsi dire, qu’un horrible symbole ; et s’il se mêle quelque adoucissement aux remords du régicide, c’est lorsque deux prêtres, approfondissant davantage avec lui les doctrines au nom desquelles il se voyait condamné, lui eurent montré, dans le terrible mystère de la solidarité, le décret providentiel qui prédestine les races royales à périr lorsque les sociétés qu’elles personnifient doivent mourir elles-mêmes pour revivre sous des formes nouvelles. Il n’aurait donc été qu’un instrument dans les mains de la Providence…

Et si l’homme sans nom, se trouvant au milieu de nous il y a peu de mois, eût vu le dogme de la légitimité se débattre sanglant au milieu des barricades, sa foi dans la sainteté de l’antique mission de ce dogme n’en aurait pas été ébranlée ; mais sachant trop dans quelles mains il se trouvait déposé, il aurait pensé qu’il était condamné de bien haut ; et ceux qui prétendaient se dévouer à lui, ne lui auraient que trop rappelé que Jupiter frappe d’aveuglement ceux qu’il veut perdre.

Si je puis me permettre maintenant de hasarder quelques courtes réflexions sur les idées de M. Ballanche, j’avouerai d’abord qu’il ne me paraît nullement prouvé que tous les peuples de la terre, nécessairement, et par le fait seul de leur existence, se soient toujours et partout divisés en ces deux castes, patriciat et plébéianisme.

Il me semble que nous ne retrouvons historiquement cette division en castes que chez les seules nations con-