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LA NIÈCE DU GOUVERNEUR.

heur de pouvoir vous secourir… Les misérables ne voulaient pas lâcher prise ; il a fallu leur brûler la cervelle pour leur faire entendre raison.

Dona Isabelle.

Comment remercier tant de valeur et de générosité ? Vous êtes blessé, je crois ?

Villenas.

Oh ! ce n’est rien.

Dona Isabelle.

Prenez au moins ce mouchoir pour étancher le sang.

Villenas.

Je prendrai ce mouchoir, mais non pour cet usage.

Dona Isabelle.

À qui dois-je un tel service ?…

Villenas, à part.

Lui dire mon nom, c’est lui révéler mon prochain mariage dont on peut parler d’un instant à l’autre, c’est inutile ; on ne sait pas ce qui peut arriver. (Haut.) Permettez-moi de rester ignoré ; mon nom d’ailleurs ne serait pas moins inconnu de vous quand vous me l’entendriez prononcer. Mais vous-même ?

Dona Isabelle.

Permettez-moi de garder le même silence ; je tiens à prouver que mon sexe n’est pas moins discret que le vôtre.

Villenas.

Du moins permettez que je vous reconduise jusqu’à Murcie ; même accident peut vous arriver encore.

Dona Isabelle.

Je ne voudrais pas abuser…

Villenas.

Je vais moi-même à Murcie…

Une suivante, à dona Isabelle.

Senora, voici des gens envoyés par votre oncle au-devant de vous, qui arrivent avec des chevaux.