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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

instructeurs, dans l’espérance de pouvoir se passer ensuite de leurs conseils.

Ces deux hommes ne sont pas sans grandes qualités ; mais, de même que pour leur maître, il eût fallu un nouveau prodige de Mahomet avant de les séparer entièrement des défauts de leur nation.

L’Arménien Cassas-Artin, ancien domestique de la famille des Douz-Ouglou, à la chute de laquelle il contribua, est un des auteurs de la persécution des catholiques. Il est parvenu à acheter tout le sérail.

Au milieu de cette cour, dont je n’ai présenté que quelques traits, le sultan travaille à la réorganisation de l’empire.

Il a commencé avec les autres puissances des rapports qui ne tiennent plus de l’ancienne barbarie. Autrefois les Turcs, ne connaissant les Européens que par les drogmans, et croyant que la politique ne pouvait se faire sans intrigue, laissaient leurs affaires entre les mains des Grecs, passés maîtres en fait de corruption. Ce ne fut qu’après 1821 qu’ils commencèrent à voir par eux-mêmes, et depuis cette époque aussi, plus de franchise, plus de dignité parut dans toutes les transactions. On voit encore quelques drogmans baiser la robe des grands de la Porte, ou se coucher à leurs pieds ; mais le temps n’est plus où tel interprète vendait des têtes, des pachaliks.

On traduit nos règlemens, nos théories militaires, nos codes même. Les Français sont regardés en Turquie comme les maîtres des saines organisations, et Napoléon est quelque chose pour eux comme le prophète. De jeunes Musulmans sont envoyés à Paris, et bientôt l’on pourra voir des écoles militaires à Constan-