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CONSTANTINOPLE EN 1831.

Londres et d’Andrinople ; il pouvait le faire au moyen de faibles concessions en faveur des Grecs.

Maintenant il est douteux que la Porte, embarrassée du côté de l’Albanie, se décide à payer ses dettes à coups de canon ; elle se reconnaît province russe. La réforme militaire entrave plus qu’elle n’aide ; le peuple est sans goût pour les nouvelles institutions, sans amour pour son maître, sans souvenir du passé ; il ne demande qu’à payer le riz bon marché.

Dans quelques années, à moins que l’Europe ne soit trop pressée et veuille se reconstruire de suite sur un plan général, lorsque les essais de civilisation en Turquie poindront hors de terre, si alors les ulémas sont compatibles avec l’ordre nouveau, si le mufti change le commentaire du Koran ; si, comme on le proclame dans un firman, les rayas et les Turcs sont égaux devant la loi, alors l’empire ottoman reprendra une belle place dans l’histoire, et l’Asie pourra recevoir de lui ses lumières.

Ce sont les Turcs, après tout, qui les premiers, bien que moins glorieusement que les Polonais, ont montré le secret de la faiblesse des Russes. Peut-être sont-ils destinés, quand ils auront passé par des idées plus larges, à refouler les hommes du Nord dans les steppes de la Tartarie, et à prouver qu’ils n’ont jadis conquis l’Europe que par surprise.

Jh. François-Cressen.