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ALBUM.


Théâtre de l’Odéon. — La maréchale d’Ancre, drame en cinq actes, en prose, par M. Alfred de Vigny.

Dans quelques lignes placées en tête du recueil de ses poèmes, M. Alfred de Vigny s’applaudit d’un mérite qu’on n’a jamais refusé à ses compositions, celui de renfermer toujours sous une forme épique ou dramatique quelque pensée morale. Moïse, la Femme adultère, le Déluge, et ce merveilleux poëme d’Eloa justifient cette prétention. Une pensée haute ou consolante a d’abord animé le cœur du poète ; il a long-temps porté cette pensée avec lui, la promenant partout à travers sa vie errante, attendant qu’une forme noble ou gracieuse vînt envelopper cette idée, et la rendre visible pour tous. Ainsi, il s’inspirait d’abord de la philosophie, la poésie venait ensuite. Dans une telle nature, la philosophie n’était pas une pédante, dogmatisant à froid, la poésie non plus une musicienne sans âme, et qui ne jette que des sons, mais deux sœurs charmantes s’appuyant l’une sur l’autre, et mollement entrelacées.

Ce double accord de la poésie et de la philosophie, nous le reconnaissons donc à un degré plus ou moins haut dans presque tous les ouvrages de M. de Vigny ; il se retrouve dans le drame de la maréchale d’Ancre. L’idée de l’expiation, comme un critique l’a déjà pu remarquer, est l’idée fondamentale de cette tragédie. Concini a-t-il réellement trempé dans l’assassinat d’Henri iv ? c’est une question d’histoire et