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Bulletin bibliographique.

Essai de Psychologie physiologique, par M. Chardel. À Paris, au bureau de l’Encyclopédie portative, rue du Jardinet, no 8.

L’honorable M. Chardel a su trouver, au milieu d’importantes occupations, le temps nécessaire pour mettre la dernière main à son esquisse sur la nature humaine, qu’il vient de publier sous le titre modeste d’Essai sur la Psychologie physiologique. C’est moins la critique de ce qu’ont écrit jusqu’à ce jour les philosophes et les théologiens sur l’union de l’âme et du corps, que celle de la marche qu’ils ont suivie dans leurs recherches. Il faut savoir gré à l’auteur d’avoir eu le courage d’essayer une nouvelle route dans une science où ce qui restait à découvrir ne semblait pas le partage d’une intelligence humaine. Rien ne nous est plus évident que la vie, et cependant rien ne nous est moins connu en cherchant à se connaître, les philosophes n’ont étudié que des effets, ce qui a suffi, selon M. Chardel, pour rendre la science stationnaire. Après avoir démontré qu’il fallait partir de la cause pour bien juger l’effet, et non de l’effet pour arriver à la cause, il analyse la vie dans ses divers états ; il commence par examiner isolément l’homme intellectuel et l’homme organique, et ce n’est qu’alors qu’il explique la soumission du dernier à la volonté du premier. L’erreur commise jusqu’à présent avait été de considérer l’homme organique comme une pure matière ; et comme la matière est ce que personne n’a connu et ce qui ne spécifie rien, il était devenu téméraire de prétendre saisir le point par lequel l’âme agit sur le corps. Les considérations de M. Chardel sur la sensibilité physique et sur la sensibilité morale, sur le sommeil, les rêves et la lucidité dans l’état de magnétisme, sont neuves et reposent sur des faits ; après les avoir lues, on est content de soi et de l’auteur qui nous a appris à nous connaître, et on est forcé de convenir que, quoique l’entreprise fût hardie, l’auteur n’est pas resté au dessous de sa tâche.