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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/173

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DU CHOLÉRA-MORBUS.

de calamba. On pile ces ingrédiens, pour les réduire en une poudre très-fine ; on les met dans l’eau-de-vie, on expose le vase au soleil pendant un mois. La liqueur devient alors d’un rouge foncé, et laisse un dépôt ; on tire ce breuvage au clair, et on en donne une ou deux cuillerées pour dose ordinaire aux personnes atteintes par le Mordexim. C’est le meilleur remède et le plus efficace qu’emploient les missionnaires dans leurs voyages.

Les causes que le frère Paolino assigne aux coliques intestinales du Malabar, les symptômes de cette maladie, les époques de son invasion, ne permettent point de la confondre avec le choléra pestilentiel. Néanmoins on tenta plusieurs fois de combattre ce dernier fléau par l’usage de la drogue amère ; mais ce médicament éprouvé, et dont l’emploi était commun dans la presqu’île indienne il y a trente à quarante ans, manqua totalement de puissance quand on voulut l’opposer au choléra, manifestant ainsi que cette maladie n’était point la même que celle contre laquelle on l’employait autrefois avec le plus grand succès.

Les remèdes dont on se sert dans l’Inde depuis quinze ans, et auxquels on attribue le plus d’efficacité, n’ont aucun rapport avec celui qui parvient à vaincre le Mordexim ; et cette différence est un nouveau témoignage de celle existant entre ces deux maladies. Je crois devoir rapporter ici l’indication la plus briève possible de ces divers remèdes, attendu que, privés de toute méthode rationnelle de traitement, on serait forcé de choisir entre tous ces moyens empiriques, si, ce qu’à Dieu ne plaise ! le choléra pestilentiel, trompant la surveillance des autorités sanitaires, se frayait un passage à travers l’Europe occidentale, ou venait à surgir dans nos ports.

Au début de la maladie sur les bords du Gange, les Européens, comme les Indous, recoururent aux médecins du pays ; on vanta leur savoir, comme provenant de sources de la plus haute antiquité, et que des populations immenses considèrent comme sacrées. Ce ne fut que long-temps après qu’on découvrit dans le livre même des traditions médicales