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SCIENCES.

gouttes de laudanum, vingt gouttes d’huile de menthe poivrée et de deux onces d’eau de mélisse distillée ; friction ammoniacale sur l’estomac ; ventouses scarifiées sur le ventre ; friction du corps tout entier avec de l’alcool simple ou camphré, lavemens mucilagineux, auxquels on joignait de la teinture d’opium, portée jusqu’à trente gouttes. Le calomélas était administré depuis dix grains jusqu’à vingt ; et quand les accidens persistaient, on renouvelait l’usage des mêmes médicamens, l’expérience ayant montré le danger de demeurer seulement quelques heures dans l’inaction, et de laisser les crampes commencer avant l’action des remèdes.

Ce traitement est, avec de légères modifications, celui indiqué dans un ouvrage arménien imprimé en 1823 à Téflis, sous le patronnage de l’archevêque Narsès, et envoyé à Paris en original par les soins du consul de France, M. Gamba. L’auteur de cet ouvrage est M. Daniel Makertienne, qui résidait alors à Téflis, mais qui, ayant été long-temps au service de la compagnie des Indes à Calcutta, avait appris, au Bengale, les moyens les plus efficaces de combattre l’invasion du choléra. On incline à les juger favorablement, en les voyant adoptés à Astrakhan, recommandés en Arménie, et connus en Perse, à Téhéran, où leur indication a fait le sujet d’un mémoire du docteur Martinengo, médecin de Turin, employé à cette époque à la cour du Schah. Cependant ce dernier n’en approuve point la pratique, quoiqu’il rapporte ce traitement dans une traduction littérale. Il croit, d’après les renseignemens qu’il a recueillis en Perse et en Géorgie, qu’on ne doit pas se servir d’excitans pour guérir une maladie dont les symptômes manifestent le plus haut degré d’excitation ; il préfère les délayans mucilagineux, gommeux, huileux, ainsi que les bains tièdes, les lavemens anodins, accompagnés de saignées ou d’applications de sangsues. L’opium peut être ajouté, selon lui, dans les circonstances où la susceptibilité nerveuse est portée à un très-haut degré. Quant au calomélas, ajoute-t-il, remède très-préconisé par les médecins anglais, on n’en doit faire