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SCIENCES.

raison, favorable à l’efficacité de la science médicale, est restreinte à quelques lieux, et que, dans d’autres, les malades qui n’ont reçu aucun secours n’ont pas souffert davantage que ceux pour qui l’art déployait toutes ses ressources. Malgré les efforts habiles et courageux des médecins anglais, la maladie a frappé plus de victimes dans l’Inde que dans la Perse, où presque aucun soin ne la combattait ; et en Russie, où l’on a suivi des méthodes de traitement plus rationnelles qu’ailleurs, et plus éprouvées par l’expérience, la moitié ou les trois cinquièmes des malades ont péri, comme dans les contrées où ils étaient abandonnés à leur sort.

3o Si les tables de mortalité que j’ai dressées ne donnaient pas ce triste résultat, on en trouverait la preuve dans le nombre et la diversité des remèdes, qui manifestent évidemment leur impuissance. Dans un Mémoire adressé à l’Académie des Sciences, le docteur Janichen, qui a exercé à Moscou pendant le désastre de cette ville, en 1830, n’hésite pas à affirmer « qu’on ne doit pas compter sur les secours de l’art dans cette horrible maladie. »

4o Sans adopter une opinion aussi désespérante, nous remarquerons toutefois qu’on peut douter que jusqu’à ce jour on ait découvert et mis en pratique aucun traitement rationnel, lorsqu’on voit des remèdes contraires, des excitans et des réfrigérans, préconisés et employés par des médecins également recommandables.

5o S’il m’était permis de tirer des faits un enseignement qui semble devoir en sortir, mais qu’il convient, dans une matière si grave, d’exprimer avec doute et réserve, je dirais qu’il semble que la saignée n’est point indiquée par la nature du mal : comme dans la fièvre jaune, si elle diminue la violence des symptômes, c’est en atténuant la résistance des forces vitales, et non pas en attaquant avec avantage le principe de la maladie. Son seul effet utile est de procurer aux infortunés frappés par la contagion une mort moins douloureuse et plus prompte.

6o Au témoignage du docteur Walker, envoyé à Moscou