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UN


PASSEPORT POUR LA RUSSIE.

Depuis 1815, les progrès toujours croissans en France des idées libérales nous faisaient considérer indistinctement en Russie comme des séditieux, dont la police locale devait surveiller toutes les démarches, et connaître toutes les actions. Les voyageurs appelés dans ce pays par leurs affaires ou la curiosité peuvent rendre témoignage des difficultés qui s’élevaient, non du côté de l’autorité française pour obtenir un passeport, mais de la part de M. Pozzo di Borgo, ambassadeur ad vitam des czars passés, présens et futurs, lequel n’accordait son visa qu’après avoir mis, pendant un mois au moins, ses espions sur les traces du solliciteur, et s’être tranquillisé sur ses opinions politiques. Les anciens militaires, gens à principes dangereux, sans doute, pour un peuple, une armée conduits avec le knout et le bâton, étaient les objets d’une réprobation particulière, ainsi qu’on va le voir.

Une obligation majeure m’appelant à Moscou dans le courant de l’année 1822, il me fut délivré à la préfecture de police, puis au ministère des affaires étrangères un passeport, qui, pour être parfaitement régu-