Bativius, bas. Que dis-tu de cette tragédie ? Y a-t-il là un présage ?
Clivius. Retiens donc ta langue.
Bativius. N’as-tu pas remarqué que le tribun Chereas est sorti ?
Clivius. En effet, il me semble que le beau-frère de César, Minucianus, voudrait s’esquiver aussi.
Bativius. Oui : il regarde avec inquiétude ; mais il est assis trop près de Caïus, et puis … Oh ! regarde ce lâche adulateur, ce vil Pomponius ; il n’a pas cessé de tenir les pieds du Caligula, et de les baiser amoureusement. Quelle attitude pour un consul !
Caïus. Amis, nous avons encore la tragédie de Cinyre à entendre. J’ai presque envie d’aller au bain un moment, et de prendre quelque chose pour attendre la fin du spectacle.
Minucianus, se levant. C’est très à propos, César ; nous t’accompagnerons.
Caïus. Non ; au surplus, c’est le dernier jour ; je puis rester.
Asiaticus, bas à Minucianus. L’homme est rusé ; est-ce une feinte ?
Minucianus faisant néanmoins mine de sortir, Caïus l’arrête par sa robe, en lui disant avec douceur :
« Où vas-tu donc, homme de bien ? »
Minucianus, se rasseyant. Je songeais à sortir un moment.
Puis il se lève de nouveau, et Caïus dit :
« Ne le retenons pas, s’il veut décidément sortir. »
Asprenas. Crois-moi, illustre César, la tragédie de Cinyre est longue ; il est déjà la neuvième heure.
Caïus. Allons, je me rends ; et puis… Ah ! j’oubliais ces jeunes garçons qui sont arrivés d’Asie pour chanter dans mon