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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/292

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LITTÉRATURE.

celle de sa pièce, ne s’échauffant qu’à propos : — chose rare !

Au reste, notre homme n’avait été au feu que trois fois, et toujours dans Paris, sa ville natale, en vrai badaud : — au 10 août d’abord, — et d’une, — quand les faubouriens montrèrent que

La garde qui veille aux barrières du Louvre
N’en défend pas nos rois.

Et dernièrement ils y sont revenus, les obstinés, quoique sans canons cette fois ; — car c’est un peuple avec lequel il ne fait pas bon changer un palais en citadelle.

Depuis ce jour, Rudon chantait à tout propos le couplet de la carmagnole, où il est question des canonniers de Paris, — couplet qui a porté malheur à d’autres, — et que nous chanterons peut-être encore.

Une seconde fois, au 13 vendémiaire, Rudon fit des siennes avec sa pièce ; — elle avait nom la sans-culotte, nom vanté alors, quoique peu décent, et auquel elle fit honneur, la diablesse, en aidant la Convention à dire adieu aux royalistes ; car, quoi qu’on en dise, les jacobins ont aussi leur politesse.

Enfin, Rudon, vieux devenu, sortit un matin de l’Hôtel des Invalides, le cœur gros de chagrin, mais plein de vie encore ; il vint à la barrière de Clichy, non plus saluer nos victoires, mais combattre nos alliés triomphans. Ses yeux affaiblis pointèrent encore juste, sa main cessa de trembler dès que le feu s’ouvrit. — Oh ! pourquoi aussi ne fut-elle point fracassée par un boulet, tranchée par un bourreau, celle du traître fameux qui signa cette capitulation funeste ! Meure quiconque pensera que Paris doit se rendre !

Et le lendemain Rudon vit l’étranger parcourir insolemment ces rues qui portaient tant de noms de ses longues défaites. Et puis il fut chassé de l’Hôtel des Invalides ; — il devint aveugle, impotent ; — il perdit sa femme, seule chose