Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
298
VOYAGES.

j’aperçus une espèce de lac formé par les eaux de la mer, enfermé d’un côté par une grande île couverte de cocotiers et de divers arbres, et qui touchait presque à la terre ; seulement on remarquait tout autour de petits espaces pour laisser passer les canots. Les bords opposés étaient couverts des maisons des naturels, entremêlées d’arbres et de différentes espèces d’arbustes en fleur. Le calme de l’eau, la tranquillité de ce lieu solitaire, qui n’était interrompue que par le gazouillement des oiseaux, entretenaient l’âme dans de douces rêveries. Ce fut avec un vif regret que je m’éloignai de ce délicieux coin de terre ; il est situé au sud-est de l’île, et est appelé Shaulcopé par les indigènes. Je voulus me procurer le plaisir de le visiter de nouveau, mais cette fois j’étais en canot. Pendant cette promenade navale, je fus régalé d’une chanson par quelques naturels que j’avais à mon bord. Elle me parut passablement monotone, mais cependant agréable. Je m’aperçus aussi que ces insulaires battaient fort bien la mesure avec leurs pagaies.

Les maisons des Rotumans sont très-propres ; elles sont formées de perches et de troncs d’arbres ; le toit est couvert de feuilles d’une espèce de palmier qu’ils appellent hoat, et qu’ils estiment beaucoup à cause de sa solidité ; elles ont ordinairement deux entrées, l’une pratiquée dans la façade du bâtiment, et l’autre vis-à-vis ; ces entrées sont très-basses. Elles ont, en outre, une porte suspendue horizontalement qu’ils tiennent ouverte pendant le jour, mais qu’ils ferment la nuit ; l’intérieur des maisons est d’une propreté remarquable, les planchers sont couverts ou de branches entrelacées de cocotier, ou d’une espèce ordinaire de natte appelle ehap. Près de leurs maisons, ils plantent