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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

hordes de l’Amérique, de la Polynésie, de l’Afrique. Nos sectes philosophiques traînent à sa chaîne. Quant à nos niveleurs, à nos démagogues, ce sont les convulsions du vieil Adam à l’agonie.

Le Christ, c’est le nouvel homme. Avec lui commence et par lui doit se clore une ère de liberté encore peu comprise. Le Christ, c’est la route de la terre au ciel, c’est l’homme qui s’élance vers sa patrie céleste. Il arpente le globe comme l’Agrimensor romain, en orientant les cieux. Il l’explore dans toutes les hémisphères, domine partout la nature, la pénètre pour lui arracher des forces ; il honore la terre, nourrice du vieil Adam ; il la respecte, car elle l’a abreuvé du lait de ses mamelles ; mais l’Église, à ses yeux, est la mère spirituelle du genre humain. Loin de toucher au but, le christianisme n’a pas encore achevé la moitié de sa course. À peine s’est-il emparé du moral de la société, à peine y a-t-il enfoncé son rameau sacré. Il enfantera des œuvres de charité qui ne portent pas encore de noms.

L’homme des temps à venir, l’homme appelé à accomplir le but de la création, se manifestera quand, uni au Christ, l’homme du présent se sera rapproché suffisamment, par l’action et par la pensée, de cette ineffable Majesté divine, qui l’avait irradiée dans le principe des choses. Sur la figure de l’homme fait à l’image de Dieu, s’est trouvé empreint l’éclat de la face du Créateur.

Le vieil Adam, c’est la nature païenne. Révélée sous les deux formes de la religion et de la philosophie, elle partage son existence entre deux époques fondamentales. Naïve et créatrice, héroïque et réformatrice, théosophique et sublime, la religion païenne,