Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/439

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
415
RÉVOLUTION POLONAISE.

haute confiance. La diète s’empressa de confirmer ce choix, et porta une loi qui fixait les attributions de ce grade. Radziwill reçut cet honneur comme une marque de la bienveillance de ses concitoyens, et promit de se démettre de son pouvoir aussitôt qu’il aurait trouvé un officier, n’importe de quel grade, plus capable que lui.

Les clubs politiques fermés par le dictateur se rouvrirent après sa chute ; la société patriotique choisit de nouveau Lelewel pour son président, et lui adjoignit le nonce Romain Soltyk en qualité de vice-président. Les romantiques faisaient partie de ce club sans être toutefois les organes ni de son système, ni de ses volontés. Ayant abandonné aux doctrinaires la rédaction de leur ancien journal (Kuryer Polski) ; ils en formèrent un nouveau sous le titre de Nouvelle-Pologne (Nowa Polska) ; Louis Zukowski en était le chef, et la liste des rédacteurs portait le nom de Lelewel. On y discutait les matières les plus graves, comme dans la société patriotique, souvent avec une rare sagacité et un véritable talent ; mais on était quelquefois rebuté par l’aigreur, l’insolence et la légèreté de ses discussions. L’amélioration de l’état des paysans, le développement des principes de la révolution, et beaucoup d’autres questions importantes occupaient les romantiques et les autres clubistes ; leurs travaux pouvaient éclairer la diète dans les cas difficiles.

Les longueurs inséparables des discussions législatives provoquèrent une lutte entre la diète et la société patriotique, ou plutôt les romantiques de la Nouvelle-Pologne. Après la nomination du généralissime, la diète s’occupa de la question de savoir si les décisions de la diète seraient prises dans chaque chambre séparément, ou par les deux réunies. Cette importante loi demandait de longs débats. Les romantiques s’impatientèrent : oubliant qu’eux-mêmes avaient blâmé la précipitation avec laquelle on avait établi la dictature dans la séance du 20 décembre, ils s’emportèrent contre la diète. Leurs discours et leurs écrits excitèrent un mécontentement universel, et la faute de quelques-uns fut imputée à toute la