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RÉVOLUTION POLONAISE.

À ces mots, tous les membres se levèrent en faisant retentir la salle de ce cri, mille fois répété par les tribunes publiques : « Nicolas n’est plus roi de Pologne. »

Au milieu du bruit des acclamations, des cris d’allégresse, le secrétaire du sénat Niemcewicz rédigea en ces termes l’acte de la déchéance de Nicolas et de toute sa famille :

« La nation polonaise, réunie dans la diète, déclare qu’elle est un peuple indépendant, qu’elle a le droit d’offrir la couronne de Pologne à celui qu’elle jugera le plus digne et le plus sûr, qui respectera la foi jurée et gardera religieusement toutes ses libertés. »

Cet acte laconique et incomplet fut à l’instant signé par tous les membres des deux chambres. C’est ainsi que, le 21 janvier 1831, à trois heures et un quart après midi, la Pologne fut déclarée indépendante. À cinq heures, la séance fut levée ; le peuple se dispersa dans les rues : Allumez les feux de joie, réjouissez-vous ! Nicolas n’est plus notre roi !

Mais on ne s’aperçut pas que cette déclaration laissait dans l’oubli le projet de Romain Soltyk. La société patriotique, qui était loin d’espérer une décision si prompte de la diète, lui adressa, le 24 janvier, une pétition dans laquelle elle l’invitait, 1o à reconnaître l’indépendance de la Pologne dans ses limites de 1772 en ce qui touche la Russie ; 2o à déclarer Nicolas et toute sa famille déchus du trône de Pologne ; 3o à délier du serment de fidélité envers lui tous les habitans du royaume et des provinces russo-polonaises ; 4o enfin à inviter les habitans de ces provinces à envoyer des députés, afin de former une confédération pareille à celle de 1812.

Cette pétition était beaucoup plus significative que la déclaration rédigée par Niemcewicz ; mais on se référa, pour ce qui regardait la Lithuanie, à la déclaration du 18 décembre, et toute incertitude cessa. Cependant les romantiques, indignés du refus de la diète, lancèrent dans leur Nouvelle-Pologne quelques articles faits pour irriter les plus tolérans, soutenant que la déclaration de la diète ne prononçait que la déchéance de Nicolas, sans rien dire de sa famille. C’était