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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/511

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ANECDOTES SUR ALGER.

à son service : je t’obtiendrai une petite cantine à la porte des Invalides ; c’est un bon parti, et laisse faire, avec ma croix je t’établirai. » La pauvre Geneviève se laissa faire ; elle mourut quelques jours après des suites de l’opération : le sapeur était retourné à son poste ; il apprit la mort de sa femme à la tranchée sous le fort de l’Empereur : quelques heures après, il fut tué d’un éclat de bombe. »

Après avoir regardé toute cette galerie de tableaux, on ferme les yeux, et l’on se demande pourquoi tout cet éclat s’est éteint tout à coup, comment tout ce bruit a été subitement étouffé ; on s’interroge sur cette gloire des actions après laquelle tant d’hommes ont voulu courir. Voici une grande expédition entreprise et exécutée dans un temps donné comme une manœuvre du Champ-de-Mars. Le résultat en est complet, la nation en profite, et les noms des braves qui ont laissé là leurs ossemens, le nom de celui qui les a conduits, le nom de leurs batailles, les drapeaux qu’ils ont enlevés, les armes qu’ils ont arrachées à l’ennemi, tout cela n’a pas une église où se réfugier, un cénotaphe, un obélisque, un pauvre gazon où s’abriter. Peu s’en faut que chaque conquérant, en revenant en France, ne se cache de sa conquête comme d’une mauvaise action, et ne l’efface de ses états de service. Les faiseurs de réputations fouillent partout pour trouver des héros, et ne s’informent pas de ceux-là qui sont tout faits, et que le sang a baptisés, selon notre vieille expression de soldat, que j’ai apprise à l’armée. — Voilà la gloire des faits d’armes en l’an de grâce 1831.

— Ô Shéhérazade, vous feriez mieux de me frotter la plante des pieds.


Y.