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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/514

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VOYAGES.

Voler dans le camp que l’on habite, ou parmi des tribus amies, n’est point une action réputée honorable : néanmoins ce genre de vol n’entache point la réputation, et se reproduit journellement. Mais l’Arabe se fait gloire surtout de voler ses ennemis, et de leur enlever par surprise ce qu’il n’aurait pu emporter de vive force.

Les Bédouins ont réduit le vol et toutes ses branches en un système complet et régulier qui offre une foule de détails intéressans.

Lorsqu’un Arabe se propose d’aller en course, il rassemble une douzaine d’amis ; ils s’habillent tous de haillons, prennent chacun une modique provision de farine et de sel, et une petite outre remplie d’eau, et avec ce léger bagage ils entreprennent un voyage qui va peut-être durer huit jours. Les haramys ou voleurs ne vont jamais à cheval. Lorsqu’ils approchent, vers le soir, du camp qui est le but de leur expédition, trois des plus hardis se détachent de la troupe et se dirigent vers les tentes, où ils arrivent à minuit, heure à laquelle la plupart des Arabes sont plongés dans le sommeil ; les autres attendent leur retour à quelque distance du camp. Chacun de ces principaux acteurs a son emploi particulier : l’un d’eux, qui reçoit la qualification de el mostambeh, se place derrière la tente qu’ils se proposent de piller, et tâche d’éveiller l’attention des chiens de garde les plus voisins de lui ; ceux-ci l’attaquent sur-le-champ ; il prend la fuite, et se laisse poursuivre à une grande distance du camp, qui est ainsi débarrassé de ces dangereux surveillans : un second, appelé el haramy, c’est-à-dire le voleur par excellence, se dirige alors vers les chameaux, qui sont agenouillés devant la tente ; il coupe les cordes qui retiennent leurs jambes, et en fait lever autant qu’il veut. C’est ici le lieu de faire observer qu’un chameau non chargé se lève et marche sans le plus léger bruit. Cela fait, il emmène une des chamèles, que les autres suivent comme à l’ordinaire. Le troisième de ces hardis compagnons, auquel on donne le titre de el kaydé, se place en même temps près du pieu de la tente, appelé la main, te-