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CONTES MISANTHROPIOUES


DE M. S. HENRY BERTHOUD[1].

Que recherche-t-on aujourd’hui dans un conte ?… du nouveau et des émotions. Les esprits sages, et il en reste encore, veulent en outre que, pour être intéressans et originaux, ces petits drames aient de la vérité ; qu’ils soient pris dans nos mœurs, nos habitudes, dans nos affections et nos goûts.

M. Berthoud l’a bien compris ainsi : ses contes misanthropiques, faits avec une facilité parfois un peu trop confiante, mais en général conduits avec un tact et une entente évidente de l’effet, ne manquent certainement ni d’intérêt, ni d’imagination. Les rencontres soudaines, les chances du hasard, dont il a peut-être abusé, remplacent cependant avec bonheur la magie, les talismans, les coups de baguette. Ses personnages prennent des aspects différens selon les pays, la classe, les situations ; ses dénouemens ont de l’originalité, de l’inattendu, et souvent laissent une impression vive.

Une chose cependant nous a paru être un défaut : c’est à la fois leur trop courte durée et leur réunion en un seul volume. Nous craignons que cette exposition de nombreux cadres dramatiques, tous d’ailleurs d’une couleur plus ou moins triste et décevante, ne cause un peu de cette fatigue que chacun a pu ressentir dans un vaste salon de peinture, où l’effet d’un tableau nuit presque toujours à l’effet de l’autre, et où l’on est tenté de s’en prendre à chaque image de la lassitude causée par leur collection compacte. Ce défaut, qui tient particulièrement au mode de publication, n’empêchera pas que les Contes misanthropiques ne comptent une classe nombreuse de lecteurs.



  1. ’Chez madame Béchet, quai des Augustins.