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L’ESPAGNE TELLE QU’ELLE EST.

plus encore les contrées au-delà de la France, sont des climats glacés. Les Pyrénées forment le rideau d’un grand théâtre où se passent des choses qu’ils ignorent, mais où leur imagination ne leur représente rien d’agréable.

Madrid possède une école publique de médecine. Les jésuites de Saint-Isidore font aussi quelques cours de sciences spéciales, cours qui ne sont que de simples formalités. Sous le régime constitutionnel, il y eut un cours de physique pourvu des instrumens nécessaires, qu’on fut obligé de tirer de France. À l’entrée de l’armée française, les leçons cessèrent et le cabinet fut fermé. Le professeur était Suisse ; le docteur Faure le rencontra depuis, dans un état affreux, couvert de haillons et manquant de pain.

La géologie, qu’on accuse de tant d’hérésies, se trouve nécessairement bannie de la terre classique du catholicisme ; néanmoins on cultive la minéralogie pour l’instruction de ceux qui se destinent à diriger le travail des mines ; Madrid possède un bon cabinet, qui renferme les plus beaux échantillons d’or natif existant en Europe. L’Espagne cependant n’a point produit d’ouvrages classiques sur la minéralogie ; elle n’a aucun livre élémentaire, et ce qui est plus extraordinaire encore, aucune traduction de ceux qui ont paru à l’étranger. Dans le local de l’académie des beaux arts, qui, pour le dire en passant, était récemment à louer, se trouve un médiocre cabinet d’histoire naturelle, disposé selon la classification du célèbre Cuvier, si l’on en croit une inscription placée à l’entrée, On y voit un squelette entier de mammouth ou grand mastodonte.

La chimie n’est enseignée qu’à l’école de pharmacie et pour la confection des médicamens. Les Espagnols ne voient dans un chimiste qu’un apothicaire, et ils ne se font pas d’autre idée du professeur actuel, don Antonio Moreno, qui, ayant étudié la science à Paris, la professe de la manière la plus distinguée et la plus élégante.

Cet état d’abandon ne résulte pas cependant d’une aversion ou d’un mépris particulier du pouvoir pour cette science ;