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CONSULTATIONS DU DOCTEUR NOIR.

— Votre voix m’a fait peur, dit-il ; je me croyais seul…

— Je veux vous conter, poursuivit le Docteur, trois petites anecdotes qui vous seront d’excellens remèdes contre la tentation bizarre qui vous vient de vous dévouer aux fantaisies d’un parti.

— Hélas ! hélas ! soupira Stello, que gagnerons-nous à comprimer ce beau mouvement de mon cœur ? Ne peut-il pas me tirer de l’état lugubre où je suis ?

— Il vous y enfoncera plus avant, dit le docteur.

— Il ne peut que m’en tirer, reprit Stello ; car je crains fortement que le mépris ne m’étouffe un matin.

— Méprisez, mais n’étouffez pas, reprit l’impassible Docteur ; s’il est vrai que l’on guérisse par les semblables, comme les poisons par les poisons mêmes, je vous guérirai en rendant plus complet le mal qui vous tient. Écoutez-moi.

— Un moment, s’écria Stello ; faisons nos conditions sur la question que vous allez traiter et la forme que vous comptez prendre.

Je vous déclare d’abord que je suis las d’entendre parler de la guerre éternelle que se font la Propriété et la Capacité, l’une pareille au dieu Terme et les jambes dans sa gaîne, ne pouvant bouger, regardant en pitié l’autre qui porte des ailes à la tête et aux pieds, et voltige autour d’elle au bout d’un fil, souffletant sans cesse sa froide et orgueilleuse ennemie. Quel philosophe me dira jamais laquelle des deux est la plus insolente ? Pour moi, je jurerais que la plus bête est la première, et la plus sotte la seconde. — Voyez donc comme notre monde social a bonne grâce à se balancer si mollement entre deux péchés mortels, l’orgueil père de toutes les aristocraties, et l’envie, mère de toutes les démocraties possibles !

Ne m’en parlez donc pas, s’il vous plaît, et quant à la forme. Ah ! Seigneur, faites que je ne la sente pas, s’il vous est possible, car je suis bien las des airs qu’elle se donne. Pour l’amour de Dieu, prenez donc une forme futile, et contez-moi, si vos contes sont votre remède universel, contez-moi