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VOYAGES.

Lieou-Chi ; « aucun climat n’adoucit le tigre, ni ne donne du courage au lapin. »

Les travaux des Occidentaux sur la chronologie de la Chine, et surtout ceux du P. Gaubil, sont dignes, malgré quelques erreurs, d’une sérieuse attention. La description physique et géographique a été passablement traitée, et l’ouvrage de Duhade est à cet égard ce que nous possédons de mieux sur l’empire le plus riche par son sol, et le plus peuplé du monde actuel. L’histoire de la Chine, quoique traduite du chinois par l’abbé Grosier et le P. Mailla, est une assez mauvaise compilation dénuée de tout esprit de saine critique. En fait de livres chinois, il faut également se méfier de l’exagération et des mensonges dictés par la vanité nationale. Heureux quand on peut consulter des ouvrages aussi estimables que le Chou-King[1]. Tout ce qui concerne l’antiquité, la religion, la philosophie, les mœurs, la géologie, l’histoire naturelle et les belles méthodes employées par les Chinois dans l’agriculture et les arts industriels laisse beaucoup à désirer. Mais c’est surtout la statistique de l’empire du Kitaï[2], qui est imparfaite et semée de contradictions et de lacunes. J’oserai presque dire qu’elle est encore à faire. Mais ces erreurs n’ont rien d’étonnant ; elles montrent seulement l’état d’imperfection où se trouve encore la géographie générale.

Les rédacteurs de l’ambassade en Chine de lord Ambert, MM. de Schlegel et Balbi, et l’érudit Maltebrun à qui j’ai envoyé plusieurs fois les descriptions des parties de l’orient que je visitai, ont publié à ce sujet des recherches infiniment utiles, mais quelquefois dépourvues d’authenticité.

Le roi des voyageurs (M. de Humboldt), les doctes MM. Morrison et Klaproth, le véridique observateur

  1. L’imprimerie de la Revue n’ayant pas de caractères chinois ni orientaux, j’ai essayé d’en donner la valeur en caractères romains.
  2. Ancien nom de la Chine, lorsqu’elle fut visitée au treizième siècle par le célèbre Marco-Polo, si long-temps calomnié et si digne de l’estime et de la reconnaissance de l’Europe.