nemens ; et, quoiqu’il en eût reçu tant de moi que des officiers une fort grande quantité, sa cupidité en réclamait sans cesse de nouveaux. Dans un pareil moment, il était plaisant de voir ce grave et puissant égui (chef) se recommander à ma générosité pour de pareilles babioles. Les matelots Grasse et Fabry étaient aussi échus en partage à Palou, et avaient été également conduits à Mafanga où M. Faraguet avait pu les voir.
Singleton que j’interrogeai ensuite me confirma que Tahofa seul et ses principaux mataboules (conseillers) avaient dirigé l’attentat commis contre les Français. Palou et les autres chefs de Tonga y étaient restés totalement étrangers. Dans un conseil du matin, ils avaient même improuvé la conduite de Tahofa, et avaient émis le vœu que les prisonniers fussent remis entre nos mains. Mais Tahofa s’y était vivement opposé, et la crainte qu’il inspirait retenant les autres chefs, il avait été arrêté, par manière d’arrangement, qu’on renverrait les prisonniers qui ne voudraient pas rester à Tonga-Tabou, mais qu’on garderait les autres. Singleton m’assura du reste qu’on n’avait fait aucun mal à nos hommes, et qu’on avait donné l’ordre de les faire tous rejoindre à Mafanga.
J’exprimai vivement mon indignation contre la conduite perfide et déloyale des naturels et surtout contre l’infâme trahison de Tahofa, qui avait été constamment comblé d’amitiés et de présens à bord. L’Anglais répondit que la conduite de Tahofa était en effet très-coupable, mais que ce chef n’avait pas pu résister à la tentation de posséder quelques Européens à son service. Tous les chefs le blâmaient vivement, Palou surtout qui paraissait désolé de ce qui était arrivé. Mais tout en redoutant la puissance de Tahofa et ses desseins ambitieux, personne ne se sentait de force à s’opposer à lui. À cela je répondis que je pardonnais volontiers à Palou et aux autres chefs, que ma vengeance serait uniquement dirigée contre Tahofa, et je priai Singleton d’insinuer à ses rivaux que s’ils voulaient s’unir à moi, je leur pro-