Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 4.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
338
HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

rencontrait partout que les nullités les plus désespérantes. Quelques personnes ont pu voir à Paris un ministre de la guerre exilé par le gouvernement brésilien ; la dernière de nos légions en eût à peine voulu pour l’un de ses caporaux. Tant de gens incapables arrivèrent successivement au pouvoir, qu’il ne faut pas s’étonner si la plupart des Brésiliens prétendent aujourd’hui être ministres à leur tour ; et, d’un autre côté, don Pedro a rencontré, pendant le cours de son règne, un si grand nombre d’hommes vicieux, qu’il est excusable peut-être de ne plus croire à l’honneur et à l’intégrité.

Au milieu des changemens continuels qui s’opéraient dans le ministère, il était impossible que le gouvernement suivît un système uniforme ; à un acte de vigueur, il faisait succéder un acte de faiblesse ; il semblait marcher par soubresaut, et perdait à chaque pas quelque chose de sa considération primitive. Tant d’oscillations faisaient accuser l’empereur de perfidie et de mauvaise foi ; il n’était que mobile, et on le sera toujours, lorsque, dans des circonstances très-difficiles, on arrivera au timon des affaires sans instruction et sans nulle expérience.

Le Brésil cependant faisait quelques progrès ; mais il en était redevable bien moins peut-être à son gouvernement qu’à la liberté de ses relations commerciales ; il en était redevable surtout à la facilité avec laquelle se développent, sur son immense surface, les germes de prospérité que la nature bienfaisante y a répandus d’une main si prodigue.

Louis xiv et le czar Pierre avaient fait venir de l’étranger des savans capables d’éclairer leurs peuples, et l’on sait combien furent heureux les résultats qu’ils obtinrent. Le gouvernement brésilien eut aussi un instant l’idée de mettre à profit les lumières des nations les plus civilisées ; mais, au lieu d’appeler à Rio de Janeiro des professeurs instruits, qui, donnant leurs leçons à de nombreux auditeurs, eussent rendu vulgaires des connaissances utiles, on envoya en France de jeunes Brésiliens ; on fit pour eux des dépenses énormes,