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RÉVOLUTIONS DU BRÉSIL.

rans mille fois plus insupportables que ne l’est un seul despote.

Au milieu de l’agitation que produisaient dans les esprits les idées de fédéralisme et les systèmes démagogiques, don Pedro, tout fatigué qu’il était de sa couronne, voulut tenter un dernier effort pour se ménager un appui au sein même de son empire.

Des diverses provinces du Brésil, celle de Minas Geraes est bien certainement la plus civilisée, et peut-être la plus riche. C’est celle dont les habitans diffèrent le moins entre eux, et montrent le plus de nationalité. Les habitans du Brésil rendent avec raison justice à la supériorité de Minas Geraes, et cette partie de l’empire brésilien, bien dirigée, ne saurait manquer d’avoir sur toutes les autres une très-grande influence. Don Pedro avait déjà voyagé parmi les Mineiros ; il les connaissait, et ce fut parmi eux qu’il eut l’idée de se créer des forces et de regagner quelque popularité. Ce plan avait été heureusement conçu ; il fut mal exécuté.

Malgré les difficultés nombreuses que la saison des pluies oppose aux voyageurs, don Pedro s’avança dans la province des Mines, accompagné de la jeune impératrice, qui avait su se concilier l’amour et les respects du peuple brésilien. Le monarque et son auguste épouse furent accueillis partout avec les transports de la joie la plus vive, et chaque ville, chaque village voulurent à l’envi célébrer leur présence par de brillantes fêtes. Les habitans d’Ouro Preto ou Villa Rica, capitale de la province, se distinguèrent surtout dans cette occasion par leur zèle et leur magnificence. Dans les rues de cette ville, on avait élevé des arcs de triomphe ; les maisons étaient ornées de tapis et de fleurs ; de nombreux musiciens parcouraient les différens quartiers, et, à chaque balcon, des voix aussi justes qu’agréables chantaient des vers en l’honneur du monarque.

En accueillant l’hommage de tous, don Pedro aurait pu reconquérir son ancienne popularité ; mais l’intrigue s’attachait à ses pas, et partout elle lui tendait mille piéges. Il