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ÎLE DE CUBA.

armas, et m’arrêtai dans une petite rue sale, à une espèce d’auberge, qui est, avec la Fonda di Madrid, la seule qui existe dans la ville, et il n’y en a pas au monde de plus mal tenues. L’habitude est d’aller demeurer chez un ami, ou chez une personne pour qui vous avez une lettre. J’en avais une pour M. Tennant, négociant anglais, que j’allai voir. Il m’offrit aussitôt d’habiter sa maison, ce que j’acceptai.

La maison de M. Tennant, Calle de Mercaderes, est une des plus grandes de la ville ; c’est celle où se réunit la Société Philharmonique, qui y donne plusieurs bals chaque hiver. Cette maison est carrée, elle a une cour intérieure entourée d’arcades au rez-de-chaussée, et de galeries de trente pieds de large au premier, fermées par des persiennes. C’est là qu’on dîne au frais. Ma chambre avait trente-cinq pieds de haut, et des murs de quatre pieds d’épaisseur, avec une énorme fenêtre qui fermait avec des jalousies ; car on n’a pas de croisées à la Havane, pas de vitres, et pas de matelas sur les lits ! Un lit se compose d’une toile bien tendue, sur laquelle sont deux draps et un traversin. Le tout est surmonté d’un dais, d’où pend une longue cousinière. Un matelas serait insupportable à cause de la chaleur.

Les maisons ordinaires ont rarement deux étages, et les toits sont remplacés par des terrasses : elles sont toutes bâties en pierres. Les fenêtres, qui commencent souvent à un pied du niveau de la rue, ont vingt-cinq et trente pieds d’élévation, et sont fermées de haut en bas par des grilles de fer ou de bois ; elles sont assez claires cependant pour que, le rideau relevé, on puisse parfaitement distinguer de la rue les femmes assises dans leur butaca, l’éventail à la main, des fleurs dans