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MARINE FRANÇAISE.

Est-ce l’installation et la tenue des bâtimens français qui laissent quelque chose à désirer, en les comparant aux vaisseaux anglais ? Non. Il fut un temps, à la vérité, où nos navires étaient fort mal tenus, où tout était, comme dans la société, sacrifié à une seule partie, la chambre du capitaine ; maintenant, il n’en est plus ainsi, heureusement ; on songe à la vie et à la santé du moindre matelot autant qu’à celle de l’officier le plus précieux. Propreté partout, partout aisance et confort, autant que possible. Que nous devions aux Anglais quelques-unes des améliorations qui nous font aujourd’hui leurs égaux sous le rapport de l’installation, c’est ce qui n’est pas douteux. Les relâches dans les mêmes ports, les stations aux mêmes lieux, nous ont imposé l’obligation

    deux cent six pieds anglais, leur largeur est de cinquante-neuf pieds ; ils sont percés à dix-sept sabords en belle dans chaque batterie, destinés à porter du 32 (calibre anglais) ; la batterie des gaillards qui se prolonge de bout en bout sera de trente deux caronades. L’artillerie de ces vaisseaux sera de 100 pièces de gros calibre. Ils sont d’un échantillon extrêmement fort et construits avec du bois de choix. Les vaisseaux seront montés par mille hommes ; avec un pareil armement, pas un vaisseau européen ne doit pouvoir leur résister ; je n’ose pas même en excepter les vaisseaux à trois ponts dont la charpente de la troisième batterie doit être promptement hachée sous le feu formidable d’un pareil adversaire. Leur projet est de construire sur le même plan tous les vaisseaux dont la construction a été arrêtée. Les Américains comptent, par l’adoption de ce système, forcer les marines européennes à proscrire leurs vaisseaux actuels, du moins ceux de 74 et 80, et à recréer leur matériel. Ils se trouveront, dans ce cas, avoir pris l’avance. Ils sont plus qu’aucun état d’Europe capables de donner suite à cette idée, du moins pour quelques temps : leurs forêts sont, je crois, les seules qui peuvent fournir les bois propres à ces gigantesques constructions. Ce système leur a déjà réussi en petit avec leurs grandes frégates qui montent trente canons de 24 en batterie, seize caronades de 42 sur le gaillard d’arrière et huit sur le gaillard d’avant. Elles sont armées de quatre cent soixante hommes. Ils ont forcé les Anglais, las de succomber dans des luttes inégales, à construire et à n’employer contre eux que des frégates pareilles. »