— De toutes les armes que j’ai chez moi comme vendeur de fer, depuis la masse jusqu’à la dague, depuis l’arbalète jusqu’à la lance, il y en a peu que je ne manie aussi bien que le meilleur chevalier.
— Et si j’obtiens pour vous cette place, vous me serez dévoué, Leclerc ?
Le jeune homme releva les yeux, les fixa sur ceux de la reine, et dit avec assurance :
— Oui, madame, en tout ce qui s’accordera avec ce que je dois à Dieu et à monseigneur le roi Charles.
La reine fronça légèrement le sourcil.
— C’est bien, dit-elle, vous pouvez regarder la chose comme faite.
Les deux amans échangèrent entre eux un coup-d’œil d’indicible bonheur.
En ce moment, un violent tumulte se fit entendre.
— Qu’est-cela ? dit la reine.
Charlotte et Leclerc se précipitèrent à la même fenêtre, et regardèrent dans la cour :
— Oh, mon Dieu ! s’écria la jeune fille avec l’étonnement de la terreur.
— Qu’y a-t-il ? reprit une seconde fois la reine.
— Oh ! madame, la cour est pleine de gens d’armes qui ont désarmé la garnison ; les sires de Giac et de Graville sont prisonniers.
— Serait-ce une surprise des Bourguignons ? dit la reine.
— Non, reprit Leclerc, ce sont des Armagnacs, ils portent la croix blanche.
— Oh ! dit Charlotte, voilà leur chef ; c’est M. Dupuy, l’âme damnée du connétable. Il a avec lui deux capitaines ; ils demandent l’appartement de la reine, car on le leur indique du doigt. Les voilà qui viennent ; ils entrent, ils montent.
— Faut-il les arrêter ? dit Leclerc en tirant à demi son poignard du fourreau.
— Non, non, reprit vivement la reine ; jeune homme,