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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/182

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REVUE DES DEUX MONDES.

dollars sont regardés comme un salaire respectable dans un village de quelque étendue. Je me rappelle que le principal prêtre de Cooperstown, qui est une ville de comté, recevait 600 dollars. Cet argent provenait uniquement du revenu des bancs fermés. En un mot, je crois qu’en accordant une moyenne de 400 dollars, comme venant du peuple, je vais trop loin. Voici le calcul :

1,382
400
552,800 dollars.

Nous chargerons donc la nation d’un impôt de 552,800 dollars, pour le soutien du clergé. Les enterremens n’entraînent aucuns frais : les prières pour les vivans ou les morts (vous savez que les protestans ne prient jamais pour les derniers) sont gratuites, ainsi que les baptêmes : on ne paie rien pour le mariage. Le prêtre qui refuserait de remplir gratuitement une de ces fonctions pour un paroissien serait en grand danger de perdre sa place. Il est d’usage de faire un cadeau pour un mariage, mais c’est absolument volontaire. Un très petit nombre de gens riches font aussi un présent au baptême ; mais le plus grand nombre des Américains regardent une donation à l’occasion d’un baptême avec une religieuse horreur. Il leur semble que c’est acheter le ciel. Aux funérailles dans les villes, un petit nombre de familles donnent des gants et une écharpe au prêtre, ainsi qu’aux médecins et aux porteurs du drap mortuaire ; mais loin de payer un prêtre pour accomplir le devoir funèbre, cet usage excite une vive aversion, même chez moi, accoutumé comme je le suis aux autres pays. En un mot, un prêtre est considéré comme un ministre de Dieu, et on le paie pour qu’il puisse vivre ; mais personne ne pense que celui qui ne paie pas n’ait pas autant de droit à son ministère que celui qui paie. Vous verrez que ces faits ont une haute portée dans la discussion qui nous occupe.

L’entretien des pauvres est une des charges locales les plus sérieuses. Il est très vrai que la France échappe à cette charge, légalement imposée ; mais les pauvres existent. À New-York, les pauvres consistent en étrangers jetés sur nos côtes ignorans du