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mens factices, où l’intérêt de la masse est subordonné à des combinaisons artificielles et étroites, une dette peut être un moyen d’engager celui qui perd au système à endurer un dommage général et peut-être éloigné, pour assurer un intérêt pressant et particulier ; mais dans un gouvernement comme celui des États-Unis, où chaque citoyen a un droit direct et inaliénable dans le pays, il serait aussi faux de dire que l’existence de la dette ne diminue pas sa richesse, qu’il le serait de dire que celui qui donne hypothèque sur son bien, en retire le même intérêt, après qu’il a signé l’acte d’aliénation, qu’avant qu’il ne l’eût engagé.

La fréquence et la quotité des cotisations destinées à des améliorations, dans toute l’étendue des États-Unis, trompent quelquefois les étrangers, en ce qui concerne l’impôt, surtout si leurs recherches sont dirigées dans un esprit d’hostilité, soit contre les institutions, soit contre le pays lui-même. Par ces cotisations, j’entends les sommes prélevées sur un bien réel, pour défrayer les dépenses de l’ouverture et du pavage des nouvelles rues dans les villes ; de l’établissement des routes, de la construction des ponts, et de tous les travaux qui sont nécessaires pour convertir un désert en un pays civilisé.

Vu le progrès de l’Amérique, il est probable que ces cotisations excèdent matériellement celles que paient les autres nations pour le même objet. Mais ces charges sont consenties avec l’idée que la propriété qui se cotise reçoit un équivalent direct et certain dans l’accroissement de la valeur du bien même, idée qui est suffisamment justifiée par l’augmentation de la richesse publique, et la prospérité générale du pays. Vous saisirez promptement la différence qui existe entre New-York, par exemple, et la France, à ce sujet, en portant votre attention sur la proportion de l’accroissement de la population. La population de la ville de New-York a augmenté de la manière suivante : en 1790, elle avait 33,131 âmes ; en 1800, 60,489 ; en 1810, 96,373 ; en 1820, 123,706 ; en 1825, 166,860 ; en 1830, 203,000, non compris le faubourg de Brooklyn, qui contient 13,000 habitans. Outre l’accroissement positif de sa population, la ville de New-York et Brooklyn couvrent autant de terrein