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EXCURSIONS DANS LE VENEZUELA.

Fernando, d’où, après avoir traversé l’Apuri, ils joignirent Bolivar près la ville de Calobozo.

« Il était entouré, dit l’auteur, d’un groupe d’officiers d’état-major et de colonels de différens corps, dont les costumes et les figures de différentes couleurs offraient un contraste vraiment singulier. Je fus heureux de voir enfin cet homme célèbre, dont l’énergie et la persévérance ont donné la liberté à une grande partie de l’Amérique du Sud ; il est probable, en effet, que ces colonies seraient encore entre les mains des Espagnols sans son patriotisme, qui délivra la Colombie, et guida ses troupes au secours du Pérou, d’où il chassa également l’ennemi commun. Quand je vis Bolivar, il avait trente-cinq ans ; il n’était pas grand, mais bien proportionné, et sa figure était assez maigre. Il portait un casque, une veste de drap bleu avec des revers rouges et trois rangées de boutons d’or bombés, de gros pantalons bleus, et, pour chaussure, des sandales dont les semelles étaient de fibres d’aloës nattées. Il avait en main une petite lance avec une petite bannière noire, sur laquelle était brodé un crâne blanc et des os croisés, avec cette devise : Muerte ó libertad. Les officiers qui l’entouraient étaient presque tous de couleur, excepté les généraux Paëz et Urdaneta. Peu d’entre eux portaient une veste. Leur habillement consistait en une chemise, faite de mouchoirs de différentes couleurs, très large et avec de grandes manches ; des pantalons blancs déchirés, venant à peine au-dessous du genou, et un chapeau de cogollo ou feuilles de palmier, surmonté de plumes de couleur ; ils étaient presque tous nu-pieds, mais portaient de larges éperons d’argent avec des molettes de cinq pouces au moins de diamètre. »

Dès le lendemain de leur présentation à Bolivar, nos Anglais assistèrent à un combat, où plus de six cents Espagnols furent tués ; et les créoles ne perdirent pas de temps à se revêtir des uniformes bleu de ciel et blancs des husares de la reyna.

Le récit des combats livrés par Bolivar, auxquels l’auteur prit part, occupent une grande place dans ce voyage ; mais nous ne parlerons que de ses observations sur le pays et ses habitans. Bolivar étant parti pour San Fernando, le laissa dans la pro-