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VOYAGE DE DÉCOUVERTES.

De même que dans le royaume d’Angola, on ne balaie pas la maison pendant la durée des fêtes funèbres. Si c’est un homme qui est décédé, sa principale femme reste dans le fond de la maison immobile, et d’heure en heure elle entonne la chanson des morts. Quand la principale femme d’un homme meurt, le mari reste assis près du corps sans proférer une parole. À minuit, on sacrifie une victime aux esprits ou Zambi ; on apporte dans une moitié de calebasse le sang fumant, et on le place à côté du défunt. On prie les esprits de ses ancêtres que l’on suppose présens, de lui être favorables, et lorsque ce sang est froid, on le fait cuire et on le donne au parent du mort, qui le mange en priant ses dieux de le faire passer dans le sien, et de le rendre heureux le reste de sa vie.

Les danses commencent autour de la maison. Tous les parens du défunt boivent et mangent en lui souhaitant une félicité éternelle. De temps en temps, on l’appelle par son nom et on le prie de se souvenir de ceux qu’il laisse sur la terre, d’intercéder pour eux, de leur préparer dans l’autre monde des maisons commodes, de jolis jardins, et surtout des habitations situées sur les bords de rivières limpides et ombragées.

Le lendemain, on pose le mort sur une natte neuve au milieu de la maison ; on range ses dieux autour de lui ; on place de la nourriture et de l’oualo sur un petit banc à côté de lui ; on l’invite à manger, et on prie les esprits de ses ancêtres d’être témoins qu’il n’a manqué de rien pendant sa vie, puisqu’il a tout en abondance après sa mort. Si c’est un homme, toutes ses femmes, excepté la première, vont s’asseoir à la porte, et chantent de temps en temps la chanson des morts.

Le second jour, à minuit, on sacrifie la seconde victime, et on jette au feu les vivres que l’on avait servis au défunt. On offre le sang de la seconde victime aux dieux protecteurs qui entourent le cadavre. Chacun boit une goutte de ce sang ; on fait rôtir la chair de l’animal, et on la mange. On laisse figer ce qui reste du sang, et on le fait sécher au soleil. Le lendemain, à midi, on éloigne les idoles ; on place devant elles le sang desséché dont on a fait une boule, et on approche le corps de la porte de la