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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/462

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LETTRES PHILOSOPHIQUES.

Il est évident que, dans le champ de la philosophie, M. Royer-Collard n’a pas même soupçonné l’étendue de la nouvelle carrière qui s’ouvrait à notre siècle ; il n’a rien mesuré de l’œil, rien ébauché : où sont les principes positifs dont il pouvait descendre à une application sociale et politique ? Sans doute la question qu’il a étudiée a son importance ; je répéterai avec lui les paroles qui terminent son discours de 1813 : « C’est un fait que la morale publique et privée, que l’ordre des sociétés et le bonheur des individus sont engagés dans le débat de la vraie et de la fausse philosophie sur la réalité de la connaissance. Quand les êtres sont en problème, quelle force reste-t-il aux liens qui les unissent ? on ne divise pas l’homme, on ne fait pas au scepticisme sa part ; dès qu’il a pénétré dans l’entendement, il l’envahit tout entier. » Je l’accorde, mais on ne triomphe pas non plus du scepticisme par de petits commentaires sur un problème isolé, par une pensée qui vivote au jour le jour, sans unité, sans système, sans avenir. Eh ! si le scepticisme s’empare de l’entendement tout entier, il veut donc être combattu puissamment et partout, et sous toutes les faces ; destinée de l’homme, institutions sociales, révolutions des peuples : On ne divise pas l’homme, j’y souscris ; mais aussi on ne le conquiert qu’à la condition de l’envahir tout entier, âme, intelligence, imagination.


Au surplus, la philosophie politique de M. Royer-Collard se ressentit immédiatement du néant de sa métaphysique, bien qu’elle lui ait été de beaucoup supérieure, et qu’elle soit le véritable fondement de sa célébrité. Il ne saurait entrer, monsieur, ni dans vos intentions ni dans les miennes, d’explorer la carrière tant ministérielle que parlementaire de l’ancien président de l’instruction publique. Elle gagnerait, je crois, à être examinée ; M. Royer-Collard n’a jamais agi et parlé que mû par une conviction sincère ; mais nous n’avons souci que des doctrines et des principes.

Est-il impossible aujourd’hui d’apprécier la restauration avec