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PRIÈRE.


Oh ! dites-moi si je vous aime ;
Hélas ! je l’ignore moi-même,
Tant mon triste cœur est brisé !
Sous les coups qui l’ont étourdie,
Tant ma pauvre âme est engourdie ;
Tant tout mon être est épuisé !

Dites-moi si ma nef s’égare.
Que votre regard soit mon phare ;
Ouvrez-moi vos bras comme un port.
Montrez le golfe à mon navire,
Et que du moins, si je chavire,
Ce soit à vos pieds, près du bord. —

Mais le ciel, durant les orages,
Sous son noir manteau de nuages
Garde encor sa robe d’azur ;
Et quand son voile est le plus sombre,
Peut-être aussi que, sous son ombre,
Le cœur reste limpide et pur.