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GUERRE AUX DÉMOLISSEURS.

celui qui écrit ces lignes de citer, entre une foule de documens qu’il pourrait produire, l’extrait d’une lettre à lui adressée. Il n’en connaît pas personnellement le signataire, qui est, comme sa lettre l’annonce, homme de goût et de cœur ; mais il le remercie de s’être adressé à lui. Il ne fera jamais faute à quiconque lui signalera une injustice ou une absurdité nuisible à dénoncer. Il regrette seulement que sa voix n’ait pas plus d’autorité et de retentissement. Qu’on lise donc cette lettre, et qu’on songe, en la lisant, que le fait qu’elle atteste n’est pas un fait isolé, mais un des mille épisodes du grand fait général, la démolition successive et incessante de tous les monumens de l’ancienne France.


Charleville, 14 février 1832.


« Monsieur,


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Au mois de septembre dernier, je fis un voyage à Laon (Aisne) mon pays natal. Je l’avais quitté depuis plusieurs années : aussi, à peine arrivé, mon premier soin fut de parcourir la ville… Arrivé sur la place du Bourg, au moment où mes yeux se levaient sur la vieille tour de Louis d’Outremer, quelle fut ma surprise de la voir de toutes parts bardée d’échelles, de leviers et de tous les instrumens possibles de destruction. Je l’avouerai, cette vue me fit mal. Je cherchais à deviner pourquoi ces échelles et ces pioches, quand vint à passer M. Th…, homme simple et instruit, plein de goût pour les lettres et fort ami de tout ce qui touche à la science et aux arts. Je lui fis part à l’instant de l’impression douloureuse que me causait la destruction de ce vieux monument. M. Th…, qui la partageait, m’apprit que, resté seul des membres de l’ancien conseil municipal, il avait été seul pour combattre l’acte dont nous